Ce projet de recherche étudie l’administration et la gestion quotidienne des villes. Il se penche en particulier sur les logiques informelles de gouvernement. Traditionnellement, l’informel est envisagé dans une perspective économique et dans le cadre de pays en développement. Les activités économiques, non déclarées à l’administration fiscale, par exemple font partie de ce secteur : les petits métiers de la restauration, les vendeurs ambulants, etc. qui garantissent un revenu (parfois irrégulier) aux populations. Or, notre équipe souhaite se détacher de cette lecture strictement économique pour envisager l’informel dans la naissance et le maintien de réseaux de pouvoir en ville. Elle propose de mener ses recherches dans des villes aussi bien du Nord que du Sud. En effet, le clientélisme, l’utilisation des relations familiales, la corruption sont également présents dans la gestion des villes des pays développés à économie de marché.
Nous tentons de répondre à plusieurs questions. Quelles motivations poussent les autorités en place à tolérer certaines pratiques en dehors de la loi commune ? Comment différents acteurs s’approprient-ils certains quartiers et parviennent à en tirer des ressources (politiques, sociales, économiques). Par exemple, comment en certains espaces urbains parviennent-ils à prendre le contrôle de la réhabilitation de bâtiments, la gestion des déchets ? Quels liens existent entre les autorités et ces acteurs privés, parfois criminels ? On pense ainsi aux pratiques souterraines de dirigeants pour conforter des positions électorales et créer des fidèles voire des clientèles. La question de l’informel pose aussi la question de la mobilisation des habitants au niveau local : lorsque les autorités centrales ou municipales ne prennent pas d’initiative, des habitants, des associations, des personnalités des quartiers s’organisent pour créer des services de substitution (comités de sécurité, etc.). Nous menons cette réflexion à partir de la comparaison de terrains européens (Italie), latino-américains (Brésil, Mexique, Pérou), africains (Afrique du Sud, Cameroun) et asiatiques (Indonésie et Philippines).